(à compléter)
Nous voilà à nouveau sur la route. La neige se met à tomber et recouvrir de son blanc manteau la montagne environnante. Le passage du col que nous avons emprunté n’a pas été aisé et, à ce moment-là, nous souhaitons, mon compagnon et moi-même, trouver un peu de chaleur réconfortante lors de notre prochaine halte.
Je vous fais donc grâce des heures passées à gravir et descendre les pentes parfois rudes de notre périple car nous voilà bientôt arrivés au prochain village.
Fourbus, l’estomac accablé par la faim, nous descendons le sentier sinueux, lorsqu’au détour d’un rocher masquant le paysage, nous percevons une supplique féminine :
« Non, père, je vous en prie, ne sautez pas ! » implore une jeune fille à l’homme qui lui tourne le dos, se tenant face au vide du ravin qui longe le chemin depuis le sommet du col.
Toshinori se précipite pour retenir l’homme avant qu’il ne saute. Ces gestes trahissent la fatigue qui nous accable, il ne va pas y arriver seul ! J’accompagne aussitôt mon compagnon, me portant au secours de l’homme décidé à commettre l’irréparable.
Il s’en est fallu vraiment de peu ! Car sans mon intervention qui me permit de retenir le malheureux par le pied alors qu’il s’était déjà jeté dans le vide, nous aurions assisté à un drame familial.
A nous deux, sans trop de mal, nous réussissons à ramener le pauvre désespéré sur la terre ferme. Je vous laisse deviner le soulagement de la jeune fille et la déconvenue du père.
Après les remerciements de la première et les reproches du second pour ne pas l’avoir laissé faire, nous passons aux présentations.
Ainsi nous faisons connaissance d’Urabé, et de sa fille Bambou.
Urabé est artisan flûtiste au bord du suicide à cause du déshonneur ressenti pour avoir perdu consécutivement deux années de suite, le 1er prix au concours annuel du village alors qu’auparavant il en était, chaque année, le vainqueur incontesté.
Il nous explique être victime d’un plagiat incompréhensible de la part d’un jeune noble du village voisin qui lui ravit la première place avec, chose étrange, la même composition originale qu’il a écrit durant l’année écoulée !
Avides de détail, nous lui emboîtons le pas vers sa maison pour y trouver un abri chaud et confortable pour la nuit.
Lors des usages d’accueil habituels, nous faisons connaissance de son épouse et de la vieille servante qui nous servira ensuite un repas ô combien bienvenu.
Au cours de ce repas, nous en apprenons plus sur cette affaire et décidons ensuite d’inspecter la maison de thé où Urabé se réfugie pour composer.
La neige a envahie le jardin et des congères se sont accumulées contre la maison de thé.
L’intérieur ne nous révèle rien de particulier. Lors de l’examen extérieur, particulièrement après avoir dégagé un des côtés de la barrière de neige compacte qui s’est formée, nous inspectons le dessous de l’édifice. Des traces au sol indiquent qu’une personne, petite, s’est souvent tenu là, allongée. Toujours sous la cabane, dans l’un des autres côtés, nous trouvons un étroit tunnel qui mène à la route longeant la propriété du flûtiste.
Quelqu’un espionne donc Urabé lorsqu’il compose et joue ses partitions musicales !
Nous décidons d’aller au village voisin pour faire connaissance avec le fameux vainqueur du concours et de ses proches.
(à suivre
)